Archives mensuelles : octobre 2014

La jeune fille, le Diable et le moulin

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(photo : Patrick Roux)

Le spectacle est clairement destiné aux enfants mais il peut réjouir les adultes, ceux-ci s’amusent d’ailleurs peut-être plus que ceux-là à en juger par la provenance des rires. On voit bien et sans doute trop la mission que s’est donné Olivier Py : faire découvrir à un jeune public le théâtre dans ses premiers développements, faire redécouvrir au public moins jeune un théâtre simple, un théâtre sans vidéo, ni musique électro, ni micro, ni… Notons que cette mission qu’il s’assigne s’inscrit tout à fait dans son travail ; elle correspond à sa conception du théâtre, un théâtre populaire et exigeant à la fois, dont les jeunes doivent pouvoir s’emparer ; elle épouse très bien les « marottes » du metteur en scène, ce qui fait sa signature : la déclamation, la musique jouée en direct avec des instruments vrais de vrais, le rideau lumineux de LED (ses feux de la rampe à lui ?), le nu. Même si le tout manque de féérie pour un conte merveilleux et que le rythme, trop rapide, empêche de s’installer et d’embarquer complètement dans l’histoire, les intentions restent belles et louables et le spectacle beau et bon.

La mise en scène, privilégiant un jeu de saltimbanques, convoque en effet un retour aux sources et à l’essence même du spectacle et du théâtre de rue. Sur scène, une autre scène, plus petite, une estrade à l’ancienne – les fameux tréteaux sont ressortis – avec un tissu paravent pour signifier la coulisse. Les comédiens, le visage peint en blanc à la manière de Pierrot, changent de rôle en changeant d’accessoires ; cela est un bel appel à l’imaginaire et nécessite une belle qualité d’écoute, ce que les comédiens obtiennent. Un homme peut ainsi jouer une femme sans qu’aucune question enfantine ne jaillisse du public. La troupe joue de l’accordéon, de la clarinette, du triangle, du piano d’enfant au son métallique, de la grosse caisse, autant d’instruments rattachés au spectacle de rue. Des chants viennent scander, ponctuer, rythmer l’histoire avec des voix et chœurs faussement (?) mal assurés – loin des mélodies aseptisées des films Disney en tout cas –, qui entérinent le spectacle de rue alors même que nous sommes dans un théâtre de ville…

On ne quitte pas pour autant nos confortables fauteuils pour gagner la rue ici parce que l’interactivité n’est pas suffisante – le public n’est que peu interpellé par la voix, le geste, le regard – mais c’est tout de même la joie simple du spectateur devant un spectacle de marionnettes que nous goûtons et c’est tout de même bien chouette.

Spectacle du Théâtre de la Ville joué du 18 au 25 octobre 2014. Pour les reprises du spectacle, à Paris et Avignon, c’est ici.