© Cécile Martini
Ce Roméo et Juliette ne nous fait pas vibrer et pour cause, la scénographie est extrêmement pauvre. Quelques panneaux que l’on déplace et place comme au hasard sur la scène, ce n’est pas ce qui est propre à donner du mouvement, ni à éveiller notre curiosité sur la prochaine figure géométrique réalisée. Même la transparence desdits panneaux est opaque au lieu d’être sensuelle, elle ne suggère ni ne sublime la danse mais empêche seulement de la bien voir.
Il y a bien des danseurs, jeunes, de l’âge, nous dit-on, des héros shakespeariens mais leur jeunesse ne sert de rien qui, synonyme ici d’amateurisme, confine à la mièvrerie et est loin de produire la fougue, la rage, l’exubérance attendues, y compris dans les scènes de bagarre pourtant bien chorégraphiées.
Il y a bien quelques beaux portés et il y a bien ces mouvements inspirés du hip hop pour dire l’adolescence et sa posture nécessairement provocatrice mais tout cela ne va pas assez loin ; la provocation est bien timide, jusque dans ces cris que les jeunes gens poussent par moments – qui gâtent plus qu’ils n’accompagnent la musique de Prokofiev -, jusque dans cette parole mûre, cynique que prennent de trop jeunes enfants pour le rôle. Les textes dits n’ont en effet pas l’intensité espérée, ni la candeur qui touche ; leur voix fluette dénonce la récitation plus ou moins bien apprise.
Ces textes exhibent d’ailleurs la faiblesse d’une danse qui a besoin d’être commentée. Il est vrai que le choix de démultiplier les Roméo et Juliette, comme pour rappeler leur universalité et l’idée que les histoires d’amour finissent mal en général, se concrétise très maladroitement sur scène et jette dans la confusion le spectateur plus qu’il n’éclaire le sens du texte original ou la seule démarche de Josette Baïz.
On pourrait objecter qu’il ne s’agit que d’un spectacle d’enfants pour enfants mais le compte conte n’y est pas, même pour ces derniers. Certes, les adultes ne retombent pas en enfance face à cette jeunesse. Pour eux, pas de bain de jouvence donc, mais plus largement, pour tous, pas de réenchantement de la vie, pas de poésie dans le geste ou dans la voix, en dehors d’une poésie et d’une musique convenues, pas de réelle tension ni de montée en puissance.
Ici on attend plus qu’on ne redoute la fin.