Tartuffe

PARIS : Filage de la piece "Tartuffe" au theatre la Comedie Francaise Richelieu.

© Raymond Delalande / SIPA

Toujours rien de nouveau sous le soleil de la Comédie-Française avec ce Tartuffe de Galin Stoev. Ce dernier s’est conformé à l’académisme qu’on prête, non sans tort, au Français, et en particulier à la salle Richelieu dont la rénovation, au passage, n’empêche pas les contorsions pour bien voir la scène – même placé au rang K de l’orchestre – et n’empêche pas non plus d’être mal assis sur un fauteuil fatigué.

Mais revenons à la scène. Galin Stoev semble avoir laissé le texte se dérouler, de façon autonome, sans rien y apporter de sa personnalité, de sa lecture personnelle. Les acteurs ne sont manifestement pas dirigés : les rires fusent d’ailleurs avant même qu’ils n’ouvrent la bouche parce que les spectateurs connaissent le texte et anticipent des répliques qu’ils savent drôles. Les personnages qu’ils incarnent sont en effet sans grand relief, on ne peut pas même les qualifier tant ils sont lisses, mal campés, et le théâtre concurrence ici dangereusement les films en 2D, la profondeur n’étant donnée que par la présence de galeries parallèles à la scène et celle d’un miroir. Ceux-ci font impression au début mais, sous-employés, se fondent également dans la platitude ambiante.

Mais l’affaire s’aggrave quand la platitude s’accompagne d’incohérences. Madame Pernelle boit du champagne, de concert avec sa famille, pendant qu’elle la dispute, non pas pour créer un effet comique, non pas pour justifier son échauffement religieux, non, non ! Juste pour occuper sa main ? c’est encore là ce qui paraît le plus vraisemblable. De même, sans plus de logique, une musique religieuse vient parfois et maladroitement sonner le glas et figer les personnages. Peut-être est-ce une façon d’annoncer le Deus ex Machina final mais aucun moyen de le comprendre parce que rien dans la scénographie ne semble tissé, amené, sensé. Enfin, la mise en scène se veut historique avec des costumes d’époque ou plutôt d’époques, les modes des XVIIe et XIXe s. étant mêlées – de belle façon au demeurant – mais des objets anachroniques (lumières frontales, pellicules de film) sèment le trouble. Cela pourrait créer une certaine poésie à défaut d’être plausible mais cela apparaît surtout comme un énième truc, tout à fait ponctuel, pour surprendre. On retrouve les facilités employées par Stoev dans le Liliom joué à la Colline l’an dernier.

Il n’y a guère que les toutes dernières scènes qui nous sortent du conventionnel, non pas par l’apparition relativement grotesque de masques que par celle, plus intéressante et lumineuse, de l’exempt. L’effet de contraste qu’il opère avec Laurent, le serviteur de Tartuffe, est simple mais efficace pour témoigner d’un renversement dû aux lumières d’un « prince ennemi de la fraude ». C’est bien le seul message qui passe clairement quant aux intentions du metteur en scène mais son actualité nous apparaît tout de même douteuse et peut faire sourire.

Allez, le temps est précieux, finissons là.

Spectacle joué à la Comédie-Française jusqu’au 17 février 2015.

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