© Pascal Victor
Dans Fragments, mis en scène par Peter Brook et Marie-Hélène Estienne, les comédiens Kathryn Hunter, Jos Houben et Marcello Magni restituent avec simplicité et force la poésie, l’humour et l’humanité surtout des textes de Beckett. Leur sensibilité et leur délicatesse font plaisir à voir et servent, avec une grande intelligence de jeu, la folie, plus ou moins douce, des personnages incarnés. L’absurdité des propos, actions et situations n’effraie, ni n’étonne, mais charme ici. Loin de rebuter, elle s’accepte comme un sain et salvateur exutoire.
Beaucoup de sens et d’expressivité donc, y compris entre les mots et dans le silence… du théâtre en somme : une scène – bien mise en lumière par Philippe Vialatte – et des comédiens, charismatiques, qui s’offrent pour nous porter ailleurs et en nous, à travers cinq moments très beaux et intenses, dans un tourbillon de vie, tantôt féroce, tantôt feutré mais toujours vrai et authentique – même dans l’outrance.
Finalement, très peu à dire, tout est à vivre dans ce spectacle qui nous ancre, de façon très intéressante et vivante, dans le moment présent. Pourtant ce temps, franc, comme suspendu, passe « de même qu’une rose » : quand « le rideau est baissé », on en redemanderait !