Le roi se meurt

le roi se meurt

Georges Werler propose une mise en scène bien trop sage et qui ne rend pas hommage à la complexité générique de la pièce. Les écarts entre les registres comique et tragique ne sont en effet pas suffisamment marqués et l’on reste constamment dans un entre-deux qui ne permet pas de fortes émotions. Rien ne nous transporte, ni la scénographie que l’on aimerait plus ingénieuse, ni le jeu des comédiens – mal dirigés ? – qui ne trouvent pas le rythme propre à faire mouche dans le rire comme dans la tristesse.

Le lever de rideau s’ouvre ainsi sur une très belle scène mais celle-ci reste statique et ne ménage aucune surprise. La découverte de ce décor passée, ce dernier devient en quelque sorte transparent et sans effet.

Si les personnages sont bien campés, via le choix de costumes bien pensés, une identité et un phrasé propres, le chœur que forment les comédiens ne « chante » pas à l’unisson. Chacun semble jouer sa propre partition, indépendamment des autres, et s’enferme dans un jeu sans nuance ni progression. À ce jeu-là, malgré leur voix qui ne porte pas assez, Juliette Carré – la reine Marguerite – et Michel Bouquet s’en sortent bien. On regrette cependant que la première noie le texte dans un débit rapide, sans essoufflement mais sans modulations ; son jeu, très naturel au début, passe très rapidement pour artificiel et lasse ; le fil du texte et sa force se perdent dans cette vive allure de la parole. On regrette aussi que la gestuelle et les intonations du second ne soient pas aussi efficaces et percutantes que les expressions de son visage. Celles-ci sont si belles qu’elles mériteraient d’être suspendues dans un temps plus long que celui accordé – la scène finale y gagnerait pour ne donner qu’un exemple -. Bravo tout de même à ces Anciens, à cette énergie et cette envie intactes qui nous font dire que si les rois ne sont pas immortels, les grands comédiens ne sont pas loin de l’être.

En résumé, rien de sidérant mais le plaisir tout de même de côtoyer une pièce singulière par la place tout à fait particulière qu’elle occupe dans l’œuvre de Ionesco et son invitation joyeuse (si si !) au carpe diem. Memento mori !

Pièce jouée au théâtre Hébertot (Paris 17e) jusqu’au 25 octobre 2014.

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